Le repassage N°2
Je continue mon article sur le repassage, car cette tâche
électroménagère se répète inlassablement dans la vie quotidienne de
toute FAF.
Cette pile interminable
de linge serait insurmontable de nos jours, si nous ne pouvions
brancher, en même temps que notre fer, le téléviseur et le magnétoscope
ou lecteur DVD ! Il nous faut bien occuper notre esprit autant que nos
mains.
Comment faisaient nos mères, grands-mères, ancêtres, quand l’audiovisuel ne venait pas adoucir ce travail ?
Le Larousse Ménager de 1926 consacre quatre pages au repassage . C’est dire l’importance de la tâche !
A
cette époque, la semelle du fer pouvait rouiller, parce que son nom de
” fer ” avait sa raison d’être, et il fallait graisser le fer avant de
le ranger, puis laver la semelle à l’eau savonneuse au moment de
l’utiliser, et la rendre bien glissante grâce au nouet de cire.
J’ai encore utilisé le nouet de cire il n’y a pas si longtemps. On
achetait un pain de cire jaune chez le droguiste, on l’emballait dans
un morceau de tissu, et on passait le fer chaud dessus. La cire fondait
et lubrifiait la semelle, afin que celle-ci glissât mieux sur le linge.
Jacob Duck ( 1596- 1667) La Repasseuse, musée d’Utrecht
On peut constater avec ce tableau hollandais, qu’au XVIIème siècle, on utilisait le même petit fer qu’au début du XXème.
On apprêtait le linge avec un amidon plus ou moins fort, cru, ou empois cuit, selon les pièces à repasser, col, poignet, plastron, coiffe, guipure, jupon, rideau, nappe … et les recettes étaient variées, apprêt à l’eau de riz, à la fécule, à l’eau gommée, au lichen …
Louis Léopold Boilly Jeune femme repassant, vers 1800, Boston, museum of fine arts
Le fer à vapeur n’existait pas, et il fallait humecter le linge. Je me souviens que j’empilais les pièces de coton en les aspergeant une à une d’eau à l’aide d’un flacon dont le pommeau était percé comme une passoire, et je roulais mon tas sur lui-même , puis laissais pendant quelques heures l’humidité imprégner uniformément tout le linge.
Henry Robert Morland (1717 - 1797 ), Tate Gallery Londres
La table à repasser plus ergonomique et pliante, donc d’un rangement pratique, remplaça l’épaisse couverture posée sur la table, et la petite ” jeannette ” permettait de repasser la layette , les petites pièces compliquées …
J’ai photographié ce petit tableau au muée des beaux arts de Caen, et
j’ai oublié le nom du peintre . Il me faudra retourner dans ce musée !
Le repassage, bien qu’il soit parfois une corvée, est un travail propre et minutieux, et la vue de la pile multicolore de linge propre, net, sentant bon le frais, provoque toujours chez la ménagère un soupir de satisfaction et de bien-être.
Il n’y a plus qu’à ranger dans l’armoire !
Pieter De Hooch, détail de ” L’armoire à linge “, 1663, Rijksmuseum, Amsterdam
Un grand merci à Grillondufoyer pour cet article.